Alexandre le Grand
Le royaume - L'épopée - La légende
Alexandre n’est pas né nulle part. On cherche en vain sa tombe; on sait où il a vu le jour: à Pella, dans le palais du roi Philippe de Macédoine, son père, en 356 avant J.-C.
Alexandre était macédonien, et le dire ne relève pas de la petite histoire, d’une vaine curiosité pour les hasards de la naissance. C’est souligner une donnée essentielle de son épopée. Par son régime – la monarchie –, sa position, son étendue, par sa prospérité,par sa démographie, le royaume du Nord était prédisposé, plus qu’aucun des micro-Etats du monde de la polis, à faire autour de lui l’unité grecque et à se donner les moyens de la conquête.
La Macédoine avait été, aux marges de la Grèce (Makedonien war am Rande Griechenlands), le boulevard des invasions. Elle avait sacrifié, bien avant Alexandre, l’indépendance de ses cités à l’unité de commandement sans quoi la diplomatie n’est qu’un vain tâtonnement, la persévérance à la guerre, un défi de tous les instants. Roi guerrier, despote animé d’une insatiable ambition, Philippe avait forgé, avec la phalange, l’instrument militaire des victoires de son fils.
Une population consistante, des mines d’or, des forêts, des plaines agricoles l’avaient doté des richesses sans lesquelles il n’est pas de conquérant.
Alexandre allait être le plus illustre des Grecs (Alexander wurde der berühmteste Grieche).
Il ne l’avait été que parce qu’il était macédonien,et ce paradoxe longtemps troublé les historiens. L’ homme qui avait vengé l’incendie d’ Athènes par Xerxès, le stratège qui avait mis un terme à la puissance perse en écrivant (et de quelle manière !) le dernier acte de l’affrontement qu’ avaient ouvert les guerres médiques par le triomphe définitif des armes helléniques, rendu indiscutable son hégémonie sur les Grecs, là où Athènes, Sparte, Thèbes s’ étaient entrechoquées pendant un siècle sans jamais parvenir à rendre leur domination pérenne;
le conquérant qui avait répandu l’hellénisme dans le sillage de ses conquêtes, des déserts de Libye à la plaine de l’ Indus et de la mer d’ Azov au golfe Persique, assurant, Rome aidant, pour huit siècles, la suprématie de la civilisation grecque, et luipermettant de marquer, au-delà, toute l’histoire européenne, cet homme-là était lui-même issu d’une marche frontière dont on avait peine à admettre qu’elle ait véritablement fait partie du monde grec!
Démosthène avait statué là-dessus dans sa Troisième Philippique, dénonçant dans le roi de Macédoine, un homme «qui non seulement n’est pas un Grec et n’a rien de commun avec les Grecs, mais n’est pas même un Barbare d’une origine honorable, misérable Macédonien, issu d’un pays où l’on ne pouvait acheter naguère un esclave honnête».
Michel De Jaeghere
Directeur de la Rédaction du Figaro Hors-série
Quelle:
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